samedi 28 novembre 2009
Chomsky & Cie
http://www.lesmutins.org/chomskyetcompagnie/
Chomsky & Cie est un film documentaire français d'Olivier Azam et Daniel Mermet, réalisé d'après une série de reportages de Là-bas si j'y suis consacrés à la personne et à la pensée de Noam Chomsky .
Chomsky est un négationiste, Chomsky a soutenu Pol Pot, Chomsky c’est la théorie du complot, Chomsky est anti américain et donc antisémite. Pour la crème des penseurs français, c’est clair, Chomsky a les pieds fourchus. C’est ce que nous avons voulu vérifier...
Un premier film, « Chomsky et Cie », qui a pu se faire grâce à vous, Souscripteurs Modestes et Géniaux, et avec le soutien du CNC (Centre National du Cinéma) et de France Inter, est sorti en salle en novembre 2008.
Un accueil chaleureux de la presse et plus de 55 000 entrées, un vrai succès pour un documentaire !
Aussi, en passant par Boston en avril 2009, nous sommes retournés voir Noam Chomsky, avec l’essentiel de ces questions... Voilà ce qui a donné un deuxième document, « Chomsky et le pouvoir »
Entretien avec Noam Chomsky, avec Giv Anquetil et Olivier Azam
vendredi 27 novembre 2009
L’uranium en Irak, l’héritage empoisonné de la guerre
Hegel fait remarquer l'apparition du « mal concret » dans l'histoire, du déchaînement par intermittence de la malveillance humaine à une échelle colossale, capable de détruire des sociétés entières. Hegel note que les auteurs de crimes planétaires historiques sont poussés uniquement par la passion, l’amour-propre, l’avidité et la haine, et ignorent complètement « l'ordre et la modération, la justice et la moralité. » [1] L'agression impérialiste contre l'Irak, entamée par la première guerre du Golfe, qui atteignit son paroxysme lors des attaques « Choc et Effroi, » lancées par les armées étasuniennes et britanniques en 2003, et se poursuit toujours aujourd'hui presque vingt ans après, montre un horrible exemple de manifestation d’extrême malveillance dans un schéma dantesque.
Le livre incontournable d’Abdul-Haq Al-Ani et Joanne Baker [*], décrit une entreprise criminelle effroyable, qui se réalise désormais toute seule en Irak : la contamination préméditée de la nation irakienne, de sa population et de l'environnement naturel, par les radiations jusqu'alors inconnues d’une arme de destruction de masse, d’un instrument de guerre implacable, confectionné à partir d'une décharge mondiale pratiquement inépuisable d'uranium appauvri.
Fin février 1991, les sinistres photographies de presse et les images télévisées de l'« Autoroute de la Mort » révélèrent des vues du désert avec des véhicules irakiens civils et militaires carbonisés et tordus, détruits de sang froid par les frappes aériennes étasuniennes lors de la sortie précipitée de Saddam Hussein du Koweït. Beaucoup pensaient à l'époque que le monde sera sûrement dégoûté par une telle barbarie. Ces images seules conforteront sans doute le sentiment populaire contre la guerre, et inciteront les combattants à la paix ? Mais le cortège de cruauté sur la route du Koweït à Bassorah était juste le signal du début d’une croisade qui allait se dérouler pendant la majorité des deux prochaines décennies. Et aucune photo, aucune vidéo de télévision, ni même le sens de la vue, du goût, la sensibilité et l’odorat des témoins sur le terrain, ne pourrait révéler la perversité secrète de ces virulentes images de détritus mortels radioactifs et toxiques, émis en nuages de vapeur invisible par les missiles, les obus et les autres armes à l’uranium appauvri, qui contamineront la région du Golfe pendant un millénaire.
En 1988, en déclarant que Saddam Hussein était « pire qu’Hitler, » George HW Bush instaura une offensive de propagande diffamante qui a eu du succès contre le peuple irakien. La calomnie contre l'Irak se prolonge aujourd’hui dans son incapacité à solliciter une protection contre l’empoisonnement radioactif et chimique de l'uranium appauvri, ou même à effectuer et à faire connaître au public les recherches scientifiques sur le danger pour les humains et les animaux de la contamination à l'uranium appauvri. Comme le décrit ce livre, les gouvernements étasunien et britannique se préoccupent sérieusement des dépôts d’uranium appauvri, mais seulement à l’égard de leur propre territoire et citoyens [**]. La nation irakienne est devenue une colonie d’expérimentation géante servant à mesurer le danger des rayonnements ionisants et la toxicité associée à la dispersion irresponsable d'uranium appauvri.
D'un point de vue purement militaire, l'uranium appauvri est un très bon rapport coût-efficacité. [2] C’est un déchet radioactif des réacteurs nucléaires et des fabriques d'armes nucléaires. Les fournisseurs sont impatients de s’en débarrasser, puisque sa cession gratuite aux militaires est une alternative attrayante au coût prohibitif de l'élimination sans danger des « déchets nucléaires. » Précisément aussi toxique chimiquement que le plomb, l'uranium appauvri est presque deux fois plus dense et beaucoup plus dur. L'uranium appauvri se profile de lui-même : il transperce les matériaux très durs tout en gagnant en capacité de pénétration. À grande vitesse, l’uranium appauvri brûle en traversant les cibles compactes comme le blindage des tanks, et émerge de l'autre côté dans un intense jaillissement de feu et de gaz mortels. Comme le relate ce livre, depuis 1991, plus de 2000 tonnes d’uranium appauvri brûlé, pulvérisé et explosé, ont été dispersées en Iraq par les armées étasuniennes et britanniques.
À partir de 1991, devant le monde indifférent, l'impérialisme occidental imposa un embargo total contre l'Irak : c'est la première fois dans l'histoire moderne qu’une nation fut complètement isolée du commerce extérieur et des communications. Seuls les sièges barbares du Moyen Age ont une certaine ressemblance avec le spectacle de souffrance en Irak. Même le discours savant et scientifique a succombé. Sans un murmure de la dissidence de la communauté mondiale, pour les chercheurs et écrivains irakiens, l'impérialisme a non seulement proscrit les éléments vitaux nécessaires à leurs recherches, mais aussi les sources internationales de recherche scientifique et de diffusion.
Abdul-Haq Al-Ani et Joanne Baker avancent dans cet ouvrage un calcul scientifique initial de spoliations à l’uranium appauvri derrière le rideau de l'uranium. [3] Les auteurs ne suggèrent pas que le mauvais état de santé de la population irakienne résulte entièrement de la contamination à l'uranium appauvri. Beaucoup de raisons sont derrière l’énorme montée des maladies, notamment du cancer et des malformations de naissance, chez les Irakiens. L’impérialisme étasunien et britannique a détruit l'infrastructure sociale du pays, en particulier les installations de traitement des eaux [***], les centrales électriques, les marchés à provisions, les hôpitaux et les écoles. Les feux incontrôlés de pétrole ont pollué l'air. Victime de la malnutrition et des sources d'eau contaminées, le système immunitaire de nombreux enfants s’est effondré. Même la parodie de procès et l’assassinat atroce de Saddam Hussein n’ont pas satisfait l’envahisseur occidental. Après l’élimination du dirigeant irakien, l'embargo est resté et l'infrastructure s'est détériorée alors même qu’avant guerre, l’Irak bénéficiait du service professionnel de 34.000 médecins enregistrés. En 2006, 20.000 médecins avaient fui ; 2000, des restants ont été tués et 250 enlevés. En 2007, 8 millions d'Irakiens avaient besoin d'une aide d'urgence et plus de la moitié des 22 millions d’habitants était dans une pauvreté absolue. La Croix-Rouge a signalé l'an dernier que la situation humanitaire là-bas est parmi les plus critiques du globe.
Les apologistes parlent d’un « échec » de la politique étasunienne et britannique en Irak, de l'impuissance de l'occupant à construire un système démocratique stable pour remplacer l'ordre du parti Baas sous Saddam Hussein. [4] Mais la paix et la sécurité n'ont jamais été sur l’agenda du militarisme étasunien et britannique. Son travail consistait à piller, diviser, avilir et paralyser l'Irak pour assurer que ce pays ne bafoue plus jamais la domination du pouvoir suprême de l’Occident.
Selon la Convention de 1948 sur la prévention du génocide, le crime de génocide englobe les actes commis dans l'intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ces actes incluent le massacre des membres du groupe, l’atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale des membres du groupe, et l’action d’infliger des conditions délibérées destinées à détruire le groupe en totalité ou en partie. Les auteurs présentent des preuves convaincantes sur le fait que l’usage sans discernement de l'uranium appauvri en Irak par la puissance occupante, ainsi que les répercussions de l’embargo et de l'invasion, sont conforment à ces rudiments de la définition du génocide.
Ce livre inclue des résultats d'études contrôlées par des scientifiques irakiens, sur la relation entre la présence de l'uranium appauvri, les radiations ionisantes, et le taux de maladies malignes assumé dans des conditions extrêmement défavorables 7 à 10 ans après l’agression de 1991. Ces études épidémiologiques et les mesures de rayonnements élevés sont forcément rudimentaires et incomplètes. Pourtant, associées aux rapports documentés sur les malformations de naissance et les cancers liés à l'exposition aux rayonnements depuis l'invasion de 2003 (dont une augmentation marquée du cancer du sein chez les Irakiennes), ces études sont les premières à présenter un tableau extrêmement troublant. Des preuves alarmantes révélées par les auteurs de ce livre constituent un dossier solide de génocide en Irak, commis par les envahisseurs étasuniens et britanniques grâce au recours sans discernement à des armes renforcées à l’uranium appauvri.
Original : www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=16098, publié le 15 novembre 2009.
Traduction : Pétrus Lombard
Notes
1. Lectures on the Philosophy of World History. Introduction: Reason in History. Trans. H.B. Nisbet. Cambridge: Cambridge University Press, 1975, p. 21.
2. Pour un résumé utile des questions entourant l’uranium appauvri, voir Rob White, « Depleted Uranium, state crime and the politics of knowing. » Theoretical Criminology. Vol. 12(1):31-54, 2008.
3. La Commission sur l’énergie atomique étasunienne a fait éclater la première bombe à hydrogène délivrable (jetable par avion) en 1954 dans les Îles Marshall, sous le nom de code « Bravo. » Les radiations mortelles de l’énorme boule de feu nucléaire s’abattirent sur les habitants des îles et sur les scientifiques et le personnel de l’armée étasunienne. L'administration d’Eisenhower tenta vainement d’étouffer l’information de la catastrophe. La dissimulation des États-Unis fut surnommée the uranium curtain (le rideau de l’uranium) par les censeurs. Cité par Shane Maddock dans « The Fourth Country Problem: Eisenhower's Nuclear Nonproliferation Policy, » publication trimestrielle des Études Présidentielles ; été 1998 ; 28, 3, p. 555.
4. Par exemple, Daniel Byman, « An Autopsy of the Iraq Debacle: Policy Failure or Bridge Too Far? » Security Studies, 17: 599–643, 2008.
Notes du traducteur :
* Le titre anglais de cet article est celui du livre qu’il commente : Uranium in Iraq: The Poisonous Legacy of the Iraq Wars
** En 1979, à Albany, capitale de l’État de New York, une usine fut fermée suite à la découverte de particules d’uranium appauvri dans un filtre à air de laboratoire à 42 kilomètres de là.
*** Après 1991, en Occident, les grands médias parlaient fréquemment de la mortalité élevée en Irak, l’attribuant au manque de médicaments dû à l’embargo. C’était un mensonge, peut-être une publicité cachée de Big Pharma, du même tonneau que l’attribution de la « longévité » de l’Occidental à la médecine moderne.
Comme le savent très bien les responsables étasuniens, qui se sont acharnés à faire bombarder les installations civiles irakiennes pendant 10 ans, avant le coup de grâce en 2003, la santé des populations dépend essentiellement de la salubrité de l’environnement : accès à l’eau potable, évacuation des eaux usées et voirie dans les villes, air et nourriture sains, et aussi vie à l’écart des cadavres, humains et animaux, à cause de leur décomposition par des micro-organismes endogènes, dangereux pour les gens à la santé imparfaite (pas de contact avec les morts est d’ailleurs un vieux précepte religieux).
lundi 23 novembre 2009
Explosion d’une bombe dans le landernau réchauffiste. Vers un Climategate ?
La BBC confirme cette information qui a mis la blogosphère anglophone en ébullition, et commence à toucher la grande presse. Un pirate aurait réussi à pénétrer les ordinateurs du Hadley Center (parfois désigné sous le vocable de CRU, Climate Research Unit), le centre d’études climatologiques de référence du GIEC, vertement critiqué par Vincent Courtillot dans ses vidéos pour refus de communiquer ses données brutes, et dont je vous entretenais des soupçons de fraude scientifiques qui accompagnaient son directeur, un certain Phil Jones.
Tout acte de piratage actif d’un ordinateur dont l’utilisateur n’a pas souhaité ouvrir l’accès est un acte répréhensible, mais en l’occurence, j’ai du mal à en vouloir au(x) Hacker(s), malgré l’illégalité de son acte. Le butin, de 61Mo une fois zippé, comporte 72 documents et 1073 e-mails.
Véracité : probable
Mais, comme le fait remarquer Lubos Motl, le pirate aurait alors réussi à insérer des fichiers d’une vraisemblance incroyable en quelques heures, entre son forfait et la mise à disposition. De nombreux commentateurs notent que trop de détails sont trop vrais pour avoir été fabriqués. Soit nous sommes en présence d’une véritable guerre informatique déclenchée par une organisation anti-réchauffiste aux puissants moyens (mais vous savez, moi, les théories du complot...), soit, plus probablement, les fichiers sont authentiques. D’ailleurs, Phil Jones lui même semble avoir reconnu que le Hack était réel et les mels sans doute authentiques.
Dernière minute avant bouclage : Real Climate reconnait que les messages sont authentiques et tente maladroitement de les minimiser en arguant que leur contenu, qui n’était pas destiné à être publié (vrai) est "normal", et que les phrases gênantes, une fois replacées dans leur contexte, ne le sont plus. Ah ?
Contenus : décapants
J’ai pu moi même télécharger le dossier "FOI2009". J’ai donc pu vérifier moi même la présence des mels cités par Watts, Motl, McIntyre (dont le site est en panne, record de trafic oblige). Le Herald Sun australien reprend l’histoire à son compte et livre des détails. Ce site met en ligne les fichiers txt sous forme de portail cherchable (belle réactivité). Selon les réchauffistes sur Twitter, le buzz est hors de tout contrôle.
Ces mels, s’ils sont authentiques, révèlent des pratiques frauduleuses, il n’y a pas d’autre mot, de certaines personnes très influentes dans les cercles réchauffistes, dont les travaux sont la base des rapports du GIEC. C’est la plus grande affaire de fraude scientifique depuis Lyssenko.
Quelques exemples
Ce tableau Excel, que des internautes se sont empressés de publier sur google docs, montre les sommes considérables que Jones a collectées depuis les années 90. Plus de 13 Millions de livres sterling au total.
Des extraits intéressants (cités par Watts, Motls, The Examiner, et bien d’autres) ont été traduits par "domip" sur lepost. fr :
From : Phil Jones
To : ray bradley ,mann@virginia.edu, mhughes@ltrr.arizona.edu
Subject : Diagram for WMO Statement
Date : Tue, 16 Nov 1999 13:31:15 +0000
Cc : k.briffa@uea.ac.uk,t.osborn@uea.ac.uk
Dear Ray, Mike and Malcolm,
Once Tim’s got a diagram here we’ll send that either later today or first thing tomorrow. I’ve just completed Mike’s Nature trick of adding in the real temps to each series for the last 20 years (ie from 1981 onwards) amd from 1961 for Keith’s to hide the decline. Mike’s series got the annual land and marine values while the other two got April-Sept for NH land N of 20N. The latter two are real for 1999, while the estimate for 1999 for NH combined is +0.44C wrt 61-90. The Global estimate for 1999 with data through Oct is +0.35C cf. 0.57 for 1998. Thanks for the comments, Ray.
Cheers
Phil
Prof. Phil Jones
Climatic Research Unit Telephone +44 (0) 1603 592090
School of Environmental Sciences Fax +44 (0) 1603 507784
University of East Anglia
Norwich Email p.jones@uea.ac.uk
NR4 7TJ
UK(...)
Je viens de terminer d’utiliser l’astuce Nature (ndt : la revue scientifique) de Mike (ndt : Michael Mann ??) qui consiste à incorporer les vraies températures à chaque série depuis les 20 dernières années (çad depuis 1981) et depuis 1961 pour celles de Keith’s (ndt : probalement Briffa) afin de masquer le déclin.
A noter que le déclin dont il est question est probablement celui des températures, mais Phil Jones affirme que ce n’est sûrement pas cela mais qu’il ne se souvient plus de quoi il parlait à l’époque, ce qui n’a rien d’étonnant d’ailleurs. L’astuce "Nature" est décrite ici par St. McIntyre, qui est statisticien de formation.
D’autres font part de leurs propres doutes quant à la réalité du réchauffement :
The fact is that we can’t account for the lack of warming at the moment and it is a travesty that we can’t. The CERES data published in the August BAMS 09 supplement on 2008 shows there should be even more warming : but the data are surely wrong. Our observing system is inadequate.
Le fait est que nous ne savons pas expliquer l’absence de réchauffement actuellement et c’est ridicule. Les données du CERES publiées dans le supplément d’Août BAMS 09 en 2008 montre qu’il devrait y avoir encore plus de réchauffement : mais les données sont certainement fausses. Notre système d’observation est déficient.
D’autres évoquent la suppression de preuves, au moment de l’affaire du Freedom of Information Act qui exigeait que leurs données brutes et leurs algorithmes soient révélés :
Can you delete any emails you may have had with Keith re AR4 ? Keith will do likewise. He’s not in at the moment – minor family crisis.Can you also email Gene and get him to do the same ? I don’t have his new email address.We will be getting Caspar to do likewise.
Peux-tu effacer tous les emails que tu as échangés avec Keith re AR4 ? Keith fera pareil.Peux-tu également écrire à Gene et lui dire de faire de même ?On va demander à Caspar de faire pareil.
Ici est évoquée la tentative de masquer la période de l’Optimum Médiéval (pédiode médiévale pendant laquelle il faisait plus chaud qu’actuellement) :
I think that trying to adopt a timeframe of 2K, rather than the usual 1K, addresses a good earlier point that Peck made w/ regard to the memo, that it would be nice to try to “contain” the putative “MWP”,
...Je pense que le fait d’utiliser une période de 2000 ans plutôt que 1000 répond au problème soulevé précédemment par Peck par rapport au mémo, et que ce serait bien pour essayer de "contenir" le soi-disant "OM" (ndt : Optimum Médiéval)
On y apprend également les pressions exercées sur les revues scientifiques afin que les études réfutant le réchauffement climatique ne soient pas publiées...
I think we have to stop considering “Climate Research” as a legitimate peer-reviewed journal. Perhaps we should encourage our colleagues in the climate research community to no longer submit to, or cite papers in, this journal. We would also need to consider what we tell or request of our more reasonable colleagues who currently sit on the editorial board…What do others think ?
Je pense qu’il va falloir cesser de considérer "Climate Research" comme une revue à comité de lecture légitime. Peut-être devrions-nous encourager nos collègues de la communauté de la recherche climatique de ne plus soumettre d’article à ce journal ni citer d’articles de ce journal. Nous devrions aussi penser à en parler à nos collègues plus raisonnables qui siègent au comité éditorial... Qu’en pensez-vous ?
Et d’ici demain, de nombreux autres secrets devraient être livrés par "the Jones files". Si c’est authentifié, et même real climate semble le reconnaître, c’est un gigantesque climategate qui se profile. Les protagonistes avouent sans ambage dans leurs échanges qu’ils "retravaillent" les données pour les faire coller à leurs hypothèses, et recommandent la destruction de documents alors qu’ils sont sous le coup d’une investigation au titre du "Freedom of Information act" du royaume uni, ce qui est illégal, et tend à indiquer qu’il y aurait "quelque chose à cacher".
Rappelons que les données de températures du présent et du passé fournies par le Hadley center, qui s’est déjà rendu célèbre en refusant de communiquer ses données brutes à des gens comme Courtillot ou McIntyre, sont réutilisées (et sans doute de bonne foi) par des milliers de scientifiques dans le monde, dans des travaux étudiant la relation entre températures et toutes sortes de phénomènes, géologique, zoologiques, historiques, etc...
Une fraude aussi importante sur les données de températures récentes obligerait des centaines d’équipes de travail dans le monde à reprendre leurs résultats de recherche : les dégâts de cette possible fraude dépasseraient sans doute le cadre du changement climatique. Les coupables de telles manipulations doivent être jugés.
Suites politiques
Au plan international, voilà qui scelle certainement le dernier clou sur le cercueil d’un accord lors de la conférence de Copenhague.
Il est urgent qu’à la lumière de ces découvertes, une action forte soit entreprise auprès de nos parlementaires pour forcer une suspension de TOUTES les lois votées au nom de la "lutte contre le réchauffement climatique anthropique", le temps que cette affaire soit tirée au clair. LA TAXE CARBONE doit être ABANDONNEE et les lois "Grenelle" abrogées de toute urgence.
Nous ne pouvons plus nous permettre de voter des lois et taxes liberticides et anti-économiques au nom d’une science aussi ouvertement biaisée.
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Incidemment : L’article témoignage de X.Driancourt sur le site de l’institut Hayek il y a quatre jours prend une toute autre dimension...
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Pour se tenir au courant : le fil de commentaires sur SkyfalUnion européenne : un président pour quoi faire ?
vendredi 20 novembre 2009
PERMALINK
Le Conseil européen a désigné, jeudi 19 novembre, son président pour deux ans et demi. Il s’agit du Belge Herman Van Rompuy. Les Vingt-sept ont nommé, en outre, le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. C’est la Britannique Catherine Ashton qui a été choisie. Elle succède à M. Javier Solana, ancien secrétaire général de l’OTAN qui occupait un poste équivalent à Bruxelles. Cette décision confirme le choix atlantiste de l’Union européenne. Or, comme l’a souligné l’ancien ministre français des affaires étrangères, Hubert Vedrine, l’Europe peut-elle affirmer une identité propre si elle se fond dans le bloc occidental ?
Beaucoup déplorent l’absence de transparence des désignations qui viennent d’avoir lieu et le manque d’envergure des personnalités nommées. Si cela correspond à la volonté des grands Etats, notamment l’Allemagne, de conserver le contrôle sur l’évolution des événements, on peut aussi s’interroger sur le sens même de ces innovations institutionnelles.
Initialement, les Vingt-Sept voulaient donner un visage à l’Union et coordonner son action internationale. Cependant, la présidence permanente du Conseil européen, qui vient d’être lancée, ne supprime pas l’actuelle présidence tournante de six mois ; elle s’y ajoute. La répartition des tâches entre les deux reste à fixer. En outre, les rapports entre ces instances, le Haut représentant, et le président de la Commission, qui conserve ses compétences en matière d’aide au développement et de coopération, sont encore flous. En l’absence d’une hiérarchie claire entre ces quatre fonctions, la direction de l’action extérieure de l’Union est potentiellement quadricéphale…
Facteur aggravant : tout cela se développe loin des peuples. Depuis que les chefs d’Etat et de gouvernement ont choisi de faire ratifier le traité de Lisbonne en écartant la tenue de référendums – à l’exception de l’Irlande, obligée d’y recourir par sa Constitution –, l’Union européenne semble renoncer sciemment à combler le fameux « déficit démocratique » dénoncé par la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe.
La sophistication du mécano institutionnel européen ressemble à une fuite en avant devant la nécessité de penser une Europe politique et démocratique. Moins les Vingt-Sept ont de vision commune du monde, plus ils multiplient les procédures, se donnant ainsi l’air d’agir sans résoudre les problèmes de fond, et en particulier celui de la légitimité démocratique de la construction européenne.
Dans le Monde diplomatique :
- « Où l’on reparle du “déficit démocratique” », par Anne-Cécile Robert, septembre 2009.
Marqué par le péché originel — le dédain du suffrage universel —, le traité de Lisbonne a essuyé un nouveau revers inattendu. Après le « non » irlandais du 12 juin 2008, c’est la Cour constitutionnelle allemande qui tire la sonnette d’alarme, dans un arrêt rendu le 30 juin dernier.
- « Fin de la mondialisation, commencement de l’Europe ? », par Frédéric Lordon, « Simulacre européen », par Serge Halimi, et « Dès les années 1950, un parfum d’oligarchie, par Antoine Schwartz et François Denord, juin 2009.
Un à un, les piliers juridiques de l’Union chancellent sous l’impact de la crise économique. Ces dérèglements seraient-ils l’occasion de repenser radicalement le projet européen ? Un détour par l’histoire y incite.
- « Le Parlement européen revient de loin mais va-t-il quelque part ? » (A.-C. R.), La valise diplomatique, 29 mai 2009.
Les prérogatives du Parlement européen ne suffisent pas à en faire une véritable assemblée législative. Parent pauvre de la construction européenne, tous ses pouvoirs lui sont chichement comptés. En effet, depuis l’origine, sa légitimité est contestée.
- « Anniversaire en demi-teinte pour l’euro », par Laurent Jacque, février 2009.
La crise financière révèle tout autant les faiblesses que les atouts de cette devise née il y a dix ans. Secouée dans ses fondements économiques, l’union monétaire se lézarde.
- « Et la crise sociale a rattrapé le Parlement européen » (A.-C. R.), mars 2009.
Une jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, qui légalise le dumping social, a provoqué fin 2008 un débat révélateur chez les députés.
- « Gentils étudiants sous influence », par Ornella Guyet, Maxime Sauvêtre et Eric Scavennec, octobre 2008.
Soutenu par les pouvoirs publics, des personnalités politiques et des entreprises, le Parlement européen des jeunes professe une curieuse vision du monde, entre business et bons sentiments.
- « Si tu veux l’Europe, prépare la guerre », par Pierre Rimbert, octobre 2008.
Un demi-siècle après le traité de Rome, il ne s’agirait plus de faire l’Europe pour faire la paix. Mais de faire la guerre pour faire l’Europe.
- « Des “Européens” hors-sol et hors classes », par Bernard Cassen, juillet 2008. L’« idéologie européenne » passée au crible à travers quatre ouvrages récents.
- « Irlande », par Serge Halimi, juillet 2008.
Peu après le rejet par une large majorité d’Irlandais du traité de Lisbonne, la plupart des dirigeants européens firent savoir que le processus de ratification continuait... Que ses élites attentent à la souveraineté populaire, l’« Europe » en a l’habitude ; cela devient sa marque de fabrique.
- « L’Union européenne d’une crise à l’autre » (A.-C. R.), la valise diplomatique, juin 2008.
Après le « non » irlandais au traité de Lisbonne, l’embarras règne dans les capitales européennes. Réunis à Bruxelles, le 16 juin, les ministres des affaires étrangères ont suggéré… d’attendre.
- « Le meilleur de l’Europe pour les femmes », par Violaine Lucas et Barbara Vilain et une carte de Philippe Rekacewicz, mai 2008.
L’association française Choisir la cause des femmes s’est lancée depuis 2005 dans un pari : ébaucher une Europe où l’harmonisation se ferait par le haut plutôt que par le bas, et qui accroîtrait le bien-être de ses citoyens — ou, en l’occurrence, de ses citoyennes.
- « Résurrection de la « Constitution » européenne » (B. C.), décembre 2007.
En optant pour la ratification parlementaire d’un traité pratiquement identique à celui qui avait été rejeté par référendum en 2005, Nicolas Sarkozy élargit la fracture entre les citoyens et l’appareil institutionnel de l’Union européenne.
- « Quelles frontières et quel projet pour l’Union ? », par Michel Foucher, mai 2007.
Comment s’affirmer comme sujet politique, via l’approbation d’un texte présenté comme constituant, dans une situation marquée par l’insécurité économique et géopolitique ?
- « Un Parlement trop sensible aux pressions », par Françoise Castex, janvier 2007.
Peu d’analyses remettent en cause le fonctionnement de l’Union européenne et, par voie de conséquence, peu de propositions émergent pour combler ledit déficit.
- « Pour une Europe de l’innovation démocratique » (B. C.), juillet 2005.
Loin d’être accidentel, le rejet de l’Europe libérale traduit une coupure philosophique entre dirigeants et citoyens. C’est seulement de ces derniers que pourra naître une refondation démocratique de l’Union.
- « De la rébellion à la reconstruction » (A.-C. R.), juin 2005.
En disant « non » au traité constitutionnel, la majorité des Français ont aussi dit « oui » à des changements profonds, dans leur pays comme à l’échelle de toute l’Europe.
- « Rêve américain, rêve européen », par Jeremy Rifkin, avril 2005.
Vue d’outre-Atlantique, l’Europe apparaît à une partie de la gauche américaine comme un immense espoir. Face au rêve mortifère du gouvernement des Etats-Unis, le Vieux Continent aurait tracé une carte routière visionnaire pour rejoindre une nouvelle terre promise, vouée à la réaffirmation de l’instinct de vie et de l’indivisibilité de la planète. Un point de vue surprenant...
Internet, une mémoire dangereuse ?
Emmanuel Hoog : L’oubli ce n’est pas la destruction, mais la capacité à trier, et à mettre de la distance et de l’ordre. L’oubli c’est aussi la possibilité donnée à chacun d’entre nous d’avoir un droit de regard sur son existence et de ne pas être en permanence sous la lumière de tous, dans le présent mais surtout dans le passé.
OB : Il faut donc organiser ou cartographier Internet. Mais qui devra selon vous s’en charger ? Est-ce que cela doit venir d’en haut ?
EH : Il faut qu’il y ait une langue commune ou plutôt un normalisation. Il existe déjà des normes sur l’Internet. L’Icann par exemple. Il existe toute une série de dispositifs qui créent des points, qui organisent. Faire croire ou croire qu’Internet est un phénomène de génération spontanée ce n’est pas vrai, il y a des sociétés derrière, il y a des entreprises, des économies, il y a de l’échange, de la valeur donc déjà beaucoup de normes techniques existent. Il y a déjà beaucoup de travaux qui vont dans ce sens de la cartographie d’Internet.
OB : Quand vous dites qu’il y a des entreprises derrière le net, on le sait bien, mais on sait aussi qu’il y a des citoyens qui échangent. C’est aussi ça le Net...
EH : Ce n’est pas le président de l’INA qui a mis ses archives en ligne en essayant d’avoir une vraie stratégie sur le Net qui va le critiquer. Néanmoins dans la vie réelle je ne vois pas les gens se masquer et donner un faux nom quand on leur demande comment ils s’appellent. Ça me dérange. Je pense aussi, sur toute la partie offre légale en ligne ou éducation qu’on est à des niveaux de balbutiement. Il y a à la fois un niveau de partage avec des gens qui offrent quelque chose, mais en même temps toute source d’information ne se vaut pas, il y a des questions de hiérarchie et d’organisation du savoir qui se posent. Ce n’est pas contradictoire avec l’idée de liberté. Un point d’équilibre n’est pas encore trouvé.
OB : Pour en revenir au droit à l’oubli il y a des moments dans la vie sociale et politique ou il ne vaut mieux pas oublier... Dans le débat démocratique Internet permet de ressortir des affaires opportunément oubliées par les politiques, notamment, ce que ne permet pas la presse.
EH : Oui et non. Tous les jours vous avez des procès qui arrivent dans la vie réelle et la justice n’oublie pas. Et d’ailleurs elle est plutôt lente. Il y a quand même quelque chose aujourd’hui qui m’interroge, c’est-à-dire le niveau d’éruptivité très forte. D’un seul coup vous êtes face à une espèce de scandale qui monte avec d’un 150 000 connections, des blogs partout, des hurlements, etc. l’ensemble très largement nourri de l’idée qu’il y a un complot, qu’on nous cache tout, qu’heureusement qu’Internet est là...
OB : Vous consacrez un chapitre entier à l’identité nationale. Le titre de votre chapitre, l’Impasse identitaire, en dit assez sur vos convictions sur le sujet Vous avez écrit ce livre quelques mois avant le débat organisé par le ministre Eric Besson. Pensez-vous qu’il prenne la question par le bon bout ?
EH : Il y a un problème de manière. Je crois que la vraie réponse aux questions identitaires n’est pas normative ou sécuritaire, mais culturelle et sociale. La remise de mon manuscrit remonte au mois de juin donc il n’y est pas question du débat actuel, mais je pense que ne pas s’interroger ou dire qu’à l’heure de la mondialisation (le débat sur l’Europe l’a montré), la quête parfois un peu vaine et maladroite de la nostalgie montre qu’il y a un rapport des Français au présent, à la mondialisation.
Pour moi l’identité c’est de la modernité. L’identité de la France c’est aussi Internet. Si l’identité se confond avec l’histoire, la mémoire ou la nostalgie alors effectivement là on a un côté très franchouillard. C’est une évidence, mais la soif d’avenir, d’aller de l’avant, de s’inventer une aventure personnelle ou collective est un signe de force. Si demain est un sujet d’inquiétude permanent, si l’autre est un sujet d’inquiétude permanent, si sortir de sa frontière ou de chez soi est un sujet d’inquiétude permanent alors on a des phénomènes de repli identitaire ou de repli vers le passé, sur la nostalgie. Être bien dans son identité c’est une force. Ces phénomènes de repli sont plutôt des expressions d’une identité qui va mal.
OB : Vous écrivez dans votre livre que tout fait mémoire. Tout en revanche ne fait pas histoire. Comment travaille l’historien, aujourd’hui, avec Internet ?
EH : C’est un vrai défi. Je pense qu’au fur et à mesure qu’on stocke, qu’on fait mémoire, qu’on appréhende de plus en plus d’objets, il faut en contrepartie augmenter le niveau, le financement, le besoin d’éducation et d’université, etc. Parce qu’il faut qu’en même temps la société de l’Internet, du virtuel, de la mémoire partagée ne se déconnecte pas de la société de la convivialité, du partage et de la connaissance, sinon on va partir dans une virtualisation de plus en plus forte. Il faut que le réel continue à grandir aussi rapidement que le virtuel en tous les cas dans sa capacité à trier, à médiatiser, à rendre nos sociétés intelligentes ou intelligibles à nous-mêmes.
OB : Cela annonce-t-il l’émergence de nouveaux métiers liés à la connaissance ?
EH : Je pense. Bientôt, le moteur de recherches ne suffira plus à être une forme de tri et d’organisation du savoir et que l’on aura des gens ou même des sociétés qui vont se créer pour organise, trier, compulser. Ce seront des formes d’archivistes de l’Internet, des archivistes dans le sens moderne, des « recherchistes », des gens qui possèdent une vision documentaire et organisée. Aujourd’hui, vous, vous êtes tout le temps dessus. Vous avez probablement une cartographie de l’Internet ou d’une partie de l’Internet qui vous intéresse le plus, mais qui est une vraie richesse en soi. Vous avez un formidable capital dans le cerveau.
vendredi 20 novembre 2009
Facebook appartient-il à la CIA ?
Lundi, 15 Juin 2009
Les grands médias ont célébré Mark Zuckerberg comme l'enfant prodige qui, à l'âge de 23 ans, s'est transformé en milliardaire multimillionnaire grâce au succès de Facebook, mais ils n’ont pas prêté attention à “ l’investissement de capital -risque ” de plus de 40 millions de dollars effectué par la CIA pour développer le réseau social.
Quand le délire spéculatif de Wall Street a fait croire aux imprudents que la valeur de Facebook monterait à 15 millions de dollars, en 2008 Zuckerberg est devenu le milliardaire “ qui s’est fait tout seul ” le plus jeune de l’histoire du “ ranking ” de la revue Forbes, avec 1500 millions de dollars.
A ce moment, le capital à -risque investi par la CIA paraissait avoir obtenu de bons rendements, mais la “ valeur ” de Facebook s’est ajustée à sa valeur réelle en 2009 et Zuckerberg disparut de la liste Forbes.
La bulle Facebook a gonflé quand William Gates, le patron de Microsoft, acquit en octobre 2007 une participation de 1.6% pour 240 millions de dollars. Cette opération mena à spéculer que si 1% de Facebook coûtait 150 millions de dollars, alors la valeur de 100% monterait à 15 milliards de dollars, mais le subterfuge finit par se dégonfler. La question de fond est que Facebook existe grâce à un investissement de capitaux à risque de la CIA.
En 2009, les grands médias n’ont pas lésiné sur la “ propagande informative ” pour rendre hommage à Zuckerberg comme paradigme du jeune entrepreneur-vainqueur, mais la diffusion réitérée de cette “ nouvelle ” n’a pas réussi à ce que la revue Forbes le maintienne dans la version 2009 de sa liste (1). L’enfant prodige disparut de la liste, malgré l’intensive campagne de CNN et de la grande presse mondiale qui reflète les intérêts de Wall Street. La liste Forbes est comme l’Oscar des grandes affaires et gonfle ou dégonfle la valeur des actions.
La CIA a investi dans Facebook bien avant qu’il ne devienne l’un des réseaux sociaux les plus populaires d’Internet, selon une enquête du journaliste britannique Tom Hodgkinson publiée en 2008 dans le journal britannique The Guardian (3) et commentée par quelques médias indépendants de langue anglaise, mais sans aucune répercussion dans la grande presse.
La propagande corporative a transformé le portail social en un synonyme de succès, popularité et même de bonnes affaires. Facebook se présente comme un inoffensif site web de réseaux sociaux qui facilite les relations interpersonnelles. Sa popularité a fait spéculer que ses approximativement 70 millions d’utilisateurs augmenteraient en une paire d’années à 200 millions dans le monde entier, parce que dans ses meilleures semaines il est arrivé à recevoir jusqu’à deux millions de nouveaux utilisateurs. Cependant, Facebook ne convainc pas tout le monde.
Critiques et détracteurs
“ Celui qui n’est pas sur Facebook n’est dans rien ou il est hors du système ”, disent certains. C’est comme avoir une nouvelle image mais sans contenu, pour se donner de l’importance dans le méga-supermarché qu’est devenu Internet, comme substitut des anciennes places publiques, disent d’autres. Les plus pragmatiques affirment que c’est un outil pour des retrouvailles avec d’anciens compagnons d’enfance ou de jeunesse perdus dans les mouvements de la vie.
Ses défenseurs de gauche affirment qu’il sert à promouvoir des luttes contre la globalisation et à coordonner des campagnes contre des activités telles que les réunions du G8.
Le journaliste espagnol Pascual Serrano a décrit comment il fut utilisé par le gouvernement de Colombie pour coordonner la journée mondiale contre les FARC qui en 2008 marqua le commencement de l’offensive propagandiste contre la guérilla et qui continue encore. Et il est très évident que Facebook a été instrumentalisé par la CIA. Pour Walter Goobar, de MiradasAlSur.com, “ c’est en réalité une expérience de manipulation globale : [...] c’est un outil sophistiqué financé par l’Agence Centrale d’Intelligence, CIA, qui non seulement l’utilise pour le recrutement d’agents et la compilation d’informations de long en large de la planète, mais aussi pour monter des opérations sous couvert ”.
En gros, Facebook est un outil de communication qui permet de contacter et d’archiver des adresses et autres données de la famille et d’amis. C’est une mine d’informations sur les amitiés de ses utilisateurs pour des entités comme le ministère de Sécurité de la Patrie, des USA, et, en général, pour l’ensemble des appareils de sécurité de l’État, attelées avec pareil enthousiasme à “ l’ennemi ” interne comme externe depuis l’ère Bush.
Des millions d'utilisateurs offrent des informations sur leur identité, des photographies et des listes de leurs objets de consommation préférés. Un message venant d'un ami invite à s'inscrire et à participer à Facebook. Les données personnelles, souvent capturées par toute sorte d'escrocs et clôneurs de cartes bancaires, vont aussi atterrir dans les disques durs des appareils de sécurité des USA. Le système Beacon de Facebook fait des suivis des utilisateurs et associés, incluant ceux qui ne se sont jamais inscrits ou ceux qui ont désactivés leur enregistrement. Facebook s'avère être plus pratique et rapide que les InfraGard (2), qui sont 23.000 micro communautés ou “ cellules ” de petits commerçants-informateurs organisées par le FBI afin de connaître les profils psycho-politiques de sa clientèle.
Depuis décembre 2006, la CIA utilise Facebook pour recruter de nouveaux agents. D'autres organismes gouvernementaux doivent soumettre le recrutement et les engagements à des régulations fédérales, mais la CIA a acquis plus de liberté d’action que jamais sous le gouvernement Bush, même pour torturer sans sauver les apparences. “ Ce n'est pas nécessaire d'obtenir un quelconque permis pour pouvoir nous inclure dans le réseau social ” a dit la CIA.
Capital-risque CIA
Le journaliste britannique Tom Hodgkinson a lancé un très fondé signal d'alerte sur la propriété CIA de Facebook, dans l'article documenté “ With friends like these... ” publié dans le journal londonien The Guardian le 14 janvier 2008 (3). Il a dit qu'après le 11 septembre 2001, l'enthousiasme pour la haute technologie a redoublé. Enthousiasme qui tenait déjà les appareils de sécurité de l’Etat USA depuis qu'ils avaient créé, deux ans auparavant, le fond de capitaux “ In-Q-Tel ”, pour des opportunités d'investissements à risque dans les hautes technologies.
Pour le journaliste Hodgkinson, les liens de Facebook avec la CIA passent par Jim Breyer, un des trois associés clés qui a investi dans ce réseau social 12,7 millions de dollars en avril 2005, associé aussi au fond de capital Accel Partners, membre des directions des géants comme Wal-Mart et Marvel Entertainment et en plus ex-président de National Venture Capital Association (NVCA), caractérisée dans l'investissement sur des jeunes talents.
“ Le plus récent tour de financement de Facebook fut conduite par une compagnie financière appelée Greylock Venture Capital, qui a mis 27,5 millions de dollars ” a écrit Hodgkinson. “ Un des plus grands associés de Greylock s'appelle Howard Cox, qui est un autre ex-président de NVCA qui est aussi dans le conseil de direction de In-Q-Tel ”.
“ Et In-Q-Tel c'est quoi ? ” se demande Hodgkinson, “ Bon, croyez-le ou pas (et vérifiez sur son site web) c'est un fond de capital à risque de la CIA ”. Crée en 1999, sa mission est “ d'identifier et de s'associer à des sociétés qui sont en train de développer de nouvelles technologies pour aider à apporter des solutions à l'Agence Centrale d'Investigation ”.
La page web de In-Q-Tel (4) recommandée par Hodgkinson est très explicite: “ En 1998, le Directeur d'Intelligence Central (DCI) identifia la technologie comme une propriété stratégique supérieure, directement connectée aux progrès de l'Agence dans les futures technologies pour améliorer ses missions de base, de compilation et d’analyse. Les dirigeants de la Direction de Science et Technologie ont élaboré un plan radical pour créer une nouvelle entreprise qui aiderait à accroître l'accès de l'Agence à l'innovation du secteur privé ”. Même en ajoutant de l'eau cela ne pourrait être plus clair, dit Hodgkinson.
Notes
(1) Rapport Forbes 2009 : http://www.forbes.com/lists/2009/10/billionaires-2009-richest-people_The-Worlds-Billionaires_CountryOfCitizen_18.html.
(2) http://www.infragard.net/
(3) http://www.guardian.co.uk/technology/2008/jan/14/facebook
(4) http://www.iqt.org/about-iqt/history.html
Ernesto Carmona est journaliste et conseiller à la FELAP (Federación Latino Americana de Periodistas), conseiller du Collège National de Journalistes du Chili et associé au Cercle de Journalistes de Santiago.
Traduit par Karen Bellemans et corrigé par Olivier Vilain pour Investig’Action.
Source: ArgenpressConditions d'utilisation de Facebook, ça bouge !
1. Relatives au contenu utilisateur transféré sur le site (User Content Posted on the Site). Conditions actualisées au 24 mai 2007 (Terms of Use / Date of Last Revision: May 24, 2007), jour de la fameuse déclaration de Zuckerberg : « Aujourd'hui, ensemble, nous allons créer un mouvement ! »...
2. Relatives aux informations obtenues par Facebook sur les utilisateurs, tel qu'exposé dans la politique adoptée par le site, Facebook Principles, en vigueur depuis le 12 septembre 2007 (This policy is effective as of September 12, 2007).
Les extraits que j'ai choisis, qui correspondent aux passages surlignés, sont d'abord présentés in extenso, puis traduits. Je conclus ensuite sur un bref commentaire, mais la discussion reste ouverte...
1. Conditions d'utilisation relatives au contenu utilisateur transféré sur Facebook
By posting User Content to any part of the Site, you automatically grant, and you represent and warrant that you have the right to grant, to the Company an irrevocable, perpetual, non-exclusive, transferable, fully paid, worldwide license (with the right to sublicense) to use, copy, publicly perform, publicly display, reformat, translate, excerpt (in whole or in part) and distribute such User Content for any purpose on or in connection with the Site or the promotion thereof, to prepare derivative works of, or incorporate into other works, such User Content, and to grant and authorize sublicenses of the foregoing. You may remove your User Content from the Site at any time. If you choose to remove your User Content, the license granted above will automatically expire, however you acknowledge that the Company may retain archived copies of your User Content.Traduction
En transférant votre Contenu utilisateur où que ce soit sur le site, automatiquement vous accordez, déclarez et garantissez que vous avez le droit d'accorder à la Société une licence - irrévocable, perpétuelle, non exclusive, transférable, libre de droits, mondiale (assortie du droit de sous-licencier) - d'utiliser, de copier, d'exécuter et d'afficher publiquement, de reformater, de traduire, d'extraire (en tout ou en partie) et de distribuer ce Contenu utilisateur à quelque fin que ce soit, en relation avec le site ou avec sa promotion, ainsi que de mettre au point des produits dérivés et d'incorporer tel Contenu dans d'autres produits, de même que vous accordez et autorisez l'exploitation de sous-licences sur lesdits produits. À tout moment, vous pouvez retirer votre Contenu utilisateur du site. Si vous choisissez de le faire, la licence accordée ci-dessus s'éteindra automatiquement, même si vous reconnaissez que la Société peut archiver et conserver des copies de votre Contenu utilisateur. [Début]
Ce que Vincent Gautrais appelle une clause abusive, contractuellement nulle.
À noter, juste pour l'anecdote, qu'une précédente version ne parlait ni d'archivage ni de rétention des données, puisque le paragraphe se terminait ainsi : If you choose to remove your User Content, the license granted above will automatically expire (si vous choisissez d'éliminer votre Contenu utilisateur, la licence accordée ci-dessus s'éteindra automatiquement).
Et même lorsque vous désactivez votre compte Facebook...
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Facebook peut utiliser les informations de votre profil sans vous identifier individuellement auprès de tiers. Nous le faisons, entre autres, pour quantifier les personnes au sein d'un même réseau, rassemblées par communautés d'intérêts (musique, films, etc.), de façon à pouvoir personnaliser les messages publicitaires et promotionnels qui vous seront adressés sur Facebook. Nous pensons que cela vous est bénéfique. Ainsi vous en saurez plus sur le monde qui vous entoure, et, là où il y aura pub, elle sera davantage ciblée, et donc, plus intéressante pour vous. Exemple : si vous mentionnez un de vos films préférés dans votre profil, nous pourrons vous "servir" une pub signalant la projection d'un film semblable dans votre ville. Sans toutefois communiquer qui vous êtes à la compagnie cinématographique.
Nous pouvons également utiliser des informations sur vous que nous collectons auprès d'autres sources, y compris (sans que la liste soit exhaustive) dans les journaux et sur Internet, dans les blogs, les services de messagerie instantanée ou auprès des développeurs d'applis sur notre plateforme et d'autres utilisateurs de Facebook, ceci afin de compléter votre profil. De manière générale, lorsque nous utilisons ces informations, nous vous permettons de spécifier - dans les paramètres concernant la protection de vos données et de votre vie privée - que vous refusez ce genre de traitement ou que vous souhaitez que nous limitions la mise en relation de ces informations avec votre profil (par exemple en supprimant les liens des tags sur vos photos). [Début]
C'est clair et net, écrit noir sur blanc, en toute franchise : nous voilà prévenus ! Nul ne pourra dire « je ne savais pas »... J'aime bien aussi le « Nous pensons que cela vous est bénéfique. » (We believe this benefits you). La phrase qui suit est pas mal non plus, dans le genre faux-cul.
C'est tout à votre avantage, si vous préférez. C'est votre intérêt, quoi ! Et accessoirement le nôtre...
Dernière traduction : « ... utiliser des informations sur vous que nous collectons ... (including but not limited to) ... dans les journaux et sur Internet », ça veut dire EN LIGNE et HORS LIGNE.
Google profileur va finir par ressembler à un enfant de chœur ! À bon entendeur... ;-)
Facebook - Chiffres marquants
Stats récentes :
Par les temps qui courent, le nom se suffit à lui-même : 150 millions de résultats sur Google, + 45 millions d'utilisateurs actifs en ce début octobre, un taux de progression de 422% (!), une capitalisation évaluée multipliée par +10 en 1 an (de 1 milliard de $ par Yahoo fin 2006 à 10 milliards de $ par Microsoft en 2007, voire plus...), une cinquantaine de nouvelles applications créées chaque jour, Facebook (terme anglais pour trombinoscope) est le phénomène du moment.
D'où une série de trois billets pour tenter d'analyser à ma manière sa réussite présente et son évolution possible (le décalogue était juste un hors d'œuvre).
L'articulation des deux premiers billets est déjà établie :
Facebook - I
I. La nouveauté de Facebook : la traçabilité
II. Facebook : ouvrons le graphe social ?
[MàJ - 10 oct. 2007]
Facebook - II
III. Grapher les modèles sociaux
IV. Graphing social patterns
Facebook - III
V. La valeur de Facebook
I. La nouveauté de Facebook : la traçabilité
Facebook est une rupture dans les réseaux sociaux pour une raison simple : il permet de suivre à la trace ses "amis" : qui ils fréquentent, à quels groupes ils adhèrent, quelles applications ils installent, ce qu'ils font, où, quand, comment, etc. Dans un "flux" continu, sorte de par-chemin à suivre qui déroule le palimptexte des actions...
Cette double fonctionnalité, nommée Mini- et News Feeds, installée sur le site à la fin de l'été 2006, a immédiatement suscité une forte hostilité de la part du premier public de Facebook : les étudiants. Le groupe Students against Facebook News Feed (Official Petition to Facebook) compte aujourd'hui 246 301 membres :
Danah Boyd, qui suit les réseaux sociaux depuis plusieurs années, retrace l'histoire. L'opposition fut tellement virulente que le 8 septembre, Zuckerberg déclarait dans une lettre ouverte avoir
Ceci dit, un an plus tard, c'est justement cette fonctionnalité qui est en rupture avec ce qui se faisait jusqu'alors et qui décrète toute la nouveauté de Facebook. D'autant plus que si les gens s'inscrivent aujourd'hui, c'est essentiellement parce qu'ils sont en quête de visibilité, voire de reconnaissance, et non pas le contraire. Si quelqu'un que je ne connais pas me demande qu'on soit "amis" (seul ce terme me dérange car il ne correspond à rien, aujourd'hui ça n'a plus aucun sens de parler d' "amis"), je regarde un peu ce qu'il fait sur le Web, et si ce qu'il fait ou dit me plaît, no problem !
C'est d'ailleurs en ça que réside une partie de la « mission » de Facebook : un réseau social qui connecte les gens les uns aux autres (Facebook is a social utility that connects you with the people around you).
Pour une répartition des actions sur Facebook au mois d'août, voir l'analyse de Compete :
Une nouvelle forme de recommandation implicite, donc, dont l'efficacité peut être proportionnelle au degré de confiance que vous accordez à ces "amis", qui sont en réalité de simples relations, des connaissances virtuelles avec des degrés d'affinité variables. Et si dans « la vraie vie » ça débouche parfois sur des rencontres, peut-être même sur de véritables amitiés, pourquoi pas !? L'amitié n'est pas un sentiment qu'on limite a priori, sans parler du reste...
Donc traverse-t-on une évolution de la liste d'amis vers le média social en trois générations ?
1. première génération : les "friend lists", des réseaux "à plat", bi-directionnels, sans relief.© Fabernovel, diapo 25 (voir PDF), traduction Olivier Ertzscheid.
2. seconde génération : les réseaux sociaux proprement dit, en relief, plus "épais" (relations transversales entre "amis" et non simplement "linéaires")
3. troisième génération (celle de Facebook) : les "médias sociaux" : de la mise en relation + de la mise en partage via différents médias.
Ce que David Sacks analyse autrement dans les nouveaux portails, en passant de la navigation avec Yahoo à la recherche avec Google, pour aller vers le partage selon Facebook :
Mais le partage de quoi ? D'un réseau ? D'une plateforme ? D'informations ? De la confiance entre les membres ?
Selon Francis Pisani, la véritable recette de Facebook « n’est ni la plateforme prise isolément (...), ni le réseau social mais le couplage plateforme-graphe social. » :
C’est la capacité de multiplier l’un par l’autre et de compter sur développeurs et usagers pour faire l’essentiel du travail.“Graphe social”, « outil pour voir les relations entre les gens », “Social
Les usagers y trouvent une intégration séduisante entre beaucoup d’applications qui leur plaisent et beaucoup de relations plus ou moins proches. Les développeurs ont d’autant plus intérêt à créer des applications pour cette plateforme qu’ils n’ont plus à se préoccuper de la création du réseau social dont ils ont besoin pour bien fonctionner.
II. Facebook : ouvrons le graphe social ?
Mais d'abord qu'est-ce que le “graphe social” ? En vidéo (et en anglais)...
Par écrit et en français, chez Christophe Ducamp, ce sera peut-être plus simple (traduction de Thoughts on the Social Graph).
Concrètement, sur Facebook, ça se traduit par une application connue sous le nom de "roue des amis", friendwheel, qui présente graphiquement les connexions avec "mes amis" et celles "des amis de mes amis" (qui ne sont pas forcément "mes amis", mais ça c'est une autre histoire...). C'est joli, c'est coloré, ça ressort bien, etc.
On peut même la rafraîchir chaque fois qu'on hérite d'un nouvel ami :-)
Voici la mienne, aujourd'hui :
De mon cercle d'amis (restreint, il est vrai), on peut voir de suite qui a des relations avec qui. Et plus on a d'amis, plus la pelote s'étoffe !
Mais ça c'est la perception visuelle, immédiate. Maintenant, il faudrait peut-être voir ce qu'il y a derrière, et tenter d'analyser plus en profondeur ce que cache la notion de "graphe social", si l'on ne veut pas se retrouver par « finir au milieu de nulle part » (to end up in the middle of nowhere). [Début]
D'abord repris par Mark Zuckerberg lors de sa présentation du 24 mai 2007, jour de l'ouverture de la plateforme Facebook aux applis tierces (“Until now, social networks have been closed platforms. Today, we’re going to end that...”), le concept fait florès depuis. Il faut dire que l'intuition de Zuckerberg est géniale, visionnaire à l'échelle d'Internet :
“With this evolution of Facebook Platform, any developer worldwide can build full social applications on top of the social graph, inside of Facebook.”Tout y est dans ce communiqué de presse. Y compris l'intégration profonde au sein même du site et l'invention d'un nouveau langage de balisage, le Facebook Markup, couplé aux API maison, qui inclut, en vrac : un tagage dynamique des informations, les tags sur le respect conditionnel des droits à la confidentialité des données, le cache des images et le Flash. Communiqué à lire et à relire pour mieux comprendre la suite...
(...)
Mass Distribution through the “social graph,” the network of real connections through which people communicate and share information. (...)
“The social graph is the changing the way the world works.” “We are at a time in history when more information is available and people are more connected than they ever have been before, and the social graph is at the center of that.”
“The social graph is our base, and we’ve built a framework that is completely optimized for developing social applications within our environment.” “We believe that there is more value for everyone in letting other people develop applications on top of the base we’ve built than we could ever possibly provide on our own.”
Mais l'intégralité du discours est encore plus intéressante à écouter (en anglais) :
Dans lequel Zuckerberg attaque par cette déclaration d'intention :
Today, together, we're going to start a movement,...Une déclaration forte, un poil mégalo, certes, mais force est de constater qu'elle est clairvoyante, puisque c'est très exactement ce qui s'est passé, qui continue, et qui n'a pas l'air prêt de se terminer...
Aujourd'hui, ensemble, nous allons créer un mouvement...
Je disais donc que Zuckerberg a repris à son compte le concept de graphe social, mais qu'il ne l'a pas lancé. Sans aller jusqu'à dire que c'est du réchauffé, c'est pourtant loin d'être nouveau.
J'en ai profité pour tester la fameuse ligne du temps de Google (il suffit d'ajouter la syntaxe view:timeline à la requête) et voir depuis quand le buzz enflait autour du “social graph”, et pour une fois, contrairement à son habitude, j'ai pris Google en défaut !
Où l'on voit bien que le buzz a explosé au cours du dernier trimestre, alors qu'on ne trouve presque rien avant.
Et pourtant ! J'ai retrouvé beaucoup de documents antérieurs à 2007, en remontant même jusqu'en 2003. Leur étude est pleine d'enseignements.
Dans une étude récente, intitulée Evolutionary games on graphs, menée par György Szabó et Gábor Fáth, nous trouvons cette représentation des graphes sociaux :
Dont la structure évoque clairement celle des deux roues colorées ci-dessus. Et les chercheurs de nous présenter dans le détail les modes de connexion ou les différences entre les "social graphs" et les "scale-free graphs".
Or dans une étude publiée en 2003, Biens informationnels et communautés médiatées, Michel Gensollen nous expliquait que le Web, qui ne se caractérisait pas par une communauté d'URL, était un "graphe fractal" (scale free), où il était « possible de rencontrer des hubs de très grande taille (les portails) », alors que le "graphe social" était « un graphe formé de clusters, reliés par quelques liens longs (d'où un diamètre relativement faible : small world).
Et de fait, la recherche "social graph" + "small+world" nous retourne un grand nombre de résultats dont beaucoup sont largement antérieurs au buzz de ces derniers mois.
Où l'on apprend que le "small world", ou "petit monde" :
est l'hypothèse que chacun puisse être relié à n'importe quel autre individu par une courte chaîne de relations sociales. Ce concept donna naissance, après l'expérience du petit monde, conduite en 1967 par le psycho-sociologue Stanley Milgram, au concept de « six degrés de séparation ». Celui-ci suggère que deux personnes, choisies au hasard parmi les citoyens US, sont reliées en moyenne par une chaîne de six relations. Par contre, après plus de trente ans, le statut de cette idée comme description de réseaux sociaux hétérogènes reste une question ouverte. Des études sont encore menées actuellement sur le "petit monde"...Fascinant. Or ce qui est vraiment significatif dans cette histoire, c'est que les scientifiques nous disent très exactement le contraire du concept marketing sciemment véhiculé par Zuckerberg. À savoir :
- que Facebook, vu sa taille, serait plutôt un "graphe fractal"
- que la notion de "graphe social", limitée par essence, va à l'encontre du théorème du fondateur de Facebook, ainsi traduit par Francis Pisani :
C’est l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde. Il y en a un seul et il comprend tout le monde. Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire c’est de le modéliser, de représenter exactement le monde réel en en dressant la carte.
En attendant, ce sera tout pour l'instant. Pour conclure, disons que, personnellement, comme Olivier, je suis présent sur Facebook « juste pour savoir de quoi je cause quand j'en cause, et j'avoue ne pas encore y avoir trouvé "mon" intérêt ».
Mais ça pourrait bien venir...